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La "Newsletter"
Bonjour,
Je pensais pouvoir dater cette NewsLetter n° 29 d’avant-hier, mercredi 16 juin, qui restera l’un des jours les plus noirs de ces dernières années, pour notre Département, pour notre Canton et pour notre Commune. Je ne peux donc vous la transmettre qu’aujourd’hui, car l’absence de réseaux électriques et téléphoniques nous ont coupé du monde jusqu' hier soir !
En recevant mardi, un message d’alerte des services météorologiques, annonçant un déluge sur notre Département du mardi 10 h au mercredi 6 h, avec des précipitations à hauteur de 70 l/m² sur la quasi-totalité du territoire varois et des « pointes » à 120 voire 140 l//m², je ne pensais pas que les trombes d’eau rencontrées entre Nice et Marseille, puis entre Marseille et Roquebrune, me conduiraient à vivre cette nuit d’horreur et ce désastre !
En vous rappelant dans l’une de mes newsletters voici quelques mois, que la nature reprendrait ses droits et que tôt ou tard, il nous faudrait assumer les conséquences de ces récents choix d’urbanisation refusant de prendre en compte ce que nos anciens nous avaient enseigné, je ne pouvais imaginer qu’à quelques heures du 21 juin, du début de l’été, nous allions en mesurer les conséquences de façon aussi cruelle !
Le résultat est là !
Et l’addition est lourde !
Réveillé dans la nuit de mercredi à 3 h 30 du matin, par mon voisin qui venait d’apprendre que son fils avait été hélitreuillé et rapatrié sur Puget, après avoir été surpris dans son sommeil par l’eau qui envahissait le mobil-home de la propriété familiale dans la plaine de l’Argens, j’ai enfilé une paire de bottes et sous la pluie, je me suis rendu au bas du village … C’est là, que dans la pénombre, comme en 1974 voici 36 ans ou en 1959 voici 51 ans, j’ai découvert que l’eau avait envahi le bas du village, inondant jusqu’à 1 m 50 les maisons du « quartier bas » comme on disait quand j’étais enfant !
Ces minutes dans le petit matin m’ont semblé être des heures, d’autant que sortaient hagards de leurs voitures, des habitants de la plaine, qui, partis de la Commune la veille, n’avaient pu rejoindre leur domicile et avaient passé la nuit dans leur voiture, place Germain Ollier.
Puis, le jour s’est progressivement levé et le désastre est peu à peu apparu alors que la pluie cessait enfin à 06 h 00, comme l’avait annoncé la météo la veille.
Difficile d’exprimer ces sentiments qui m’ont envahis en découvrant ces images, en rencontrant ces amis, ces familles qui depuis le milieu de la nuit, dans le noir le plus total, avaient tenté de sauver leurs vies, celles de leurs enfants et lutter pour sauvegarder leurs biens face à cette eau qui montait … qui montait … qui montait … dans leurs habitations, leurs caves, leurs garages, mais aussi dans les boutiques, les restaurants, les banques, … mais d’autres drames se jouaient hors des murs, dans la plaine, car le bruit des rotations des nombreux hélicoptères laissait redouter des situations encore plus dramatiques !
Ce fut malheureusement, ce que me rapportèrent les premiers sapeurs-pompiers rencontrés dans notre village cerné par les eaux, qui ont tenté tout au long de la nuit d’apporter assistance à nos villageois sinistrés, ainsi qu’aux campeurs ou à ceux qui s’étaient réfugiés Salle Maurice Calandri où des équipes municipales avaient rapidement installé un centre d’accueil !
Difficile pour eux, d’annoncer les drames qui venaient de se dérouler, à toutes celles et tous ceux qui au réveil, cherchaient des nouvelles, dont on ne pouvait à cette heure, mesurer ni l’étendue, ni le nombre de personnes concernées.
On évoquait avec effroi des pertes humaines … Les heures qui allaient suivre devaient malheureusement confirmer ces doutes et amplifier encore le bilan des pertes …
Comment ne pas penser aux habitants de la plaine, qui ont vu déferler cette immense masse d’eau en provenance du bassin de l’Argens et submerger leurs propriétés, évacuant leurs maisons ou se réfugiant dans les étages pour éviter le pire !
Comment ne pas penser à tous ces exploitants agricoles qui ont tout tenté pour éviter que le travail de toute une vie disparaisse face aux flots déchainés !
Comment de pas penser dans ces moments là, aux touristes en vacances dans nos campings du bord d’Argens, évacués en pleine nuit !
Progressivement, au fil de ces longues minutes, nous avons appris que toute la basse vallée de l’Argens avait été dévastée notamment sur Roquebrune, Puget et Fréjus … Sans électricité, ni réseaux téléphoniques, difficile de se faire une idée …
Les premières infos arrivaient laissant penser que Draguignan, Les Arcs, Trans, Figanières avaient été sérieusement touchés. Sur notre Canton, Le Muy avait subi d’immenses dégâts : maisons, commerces, hangars, … Rien ne semblait avoir résisté …
L’accès à la RND7 par le Pont d’Argens étant coupé dès le bas du Village, celle vers St Aygulf inondée après la Chapelle St Pierre et la Coopérative, nous étions isolés et dans l’impossibilité de trouver des secours, sinon par les airs, où une noria d’hélicoptères œuvrait pour hélitreuiller les rescapés, isolés dans la plaine et réfugiés sur les toits de leurs habitations !
J’ai essayé de traduire à travers mes premières photos dès le lever du jour, ce que nous avons vécu durant ces premières heures d’angoisse, de grand désarroi et d’impuissance face à la force de la nature, qui venait de nous rappeler douloureusement qu’il fallait toujours compter avec elle !
Tout au long de la journée, en me rendant sur toutes les zones accessibles du bas du village, j’ai essayé de saisir cette désolation et les conséquences de cette catastrophe.
Avec les équipes du Conseil Général du Var, fortement mobilisées aux cotés des services de l’Etat (Préfecture, Police, Gendarmerie, …) des services de secours, des équipes municipales, nous avons tout tenté, tout au long de ces dernières heures, pour remettre en état voies de communication et accès aux zones sinistrées ! Un travail exemplaire de coordination dans ces moments difficiles, mais aussi un constat d’impuissance face à certaines situations.
Il m’a donc semblé important de vous livrer ce témoignage, que vous découvrirez dans le flashinfo joint en annexe. Je le complèterai dans les prochains jours …
J’ai sélectionné des photos prises dans l’instant, mercredi 16 dès les premières heures du jour, mais aussi celles prises dans la journée après que les eaux se soient progressivement retirées.
J’ai ajouté enfin celles prises hier jeudi 17, alors que nous découvrions les dégâts sur de nombreux quartiers de la Commune. Je n’ai pu malheureusement atteindre toutes les parties sinistrées de la Commune et je ne prétends donc pas vous retracer toutes les dégradations et toutes les situations dramatiques.
Il nous faudra beaucoup de temps pour lister de façon exhaustive toutes ces cicatrices humaines et matérielles …
Mais la vie continue malheureusement et tout en pansant nos plaies, il nous faut penser à l’avenir, à la reconstruction, à la poursuite des activités.
En ce 18 juin, où nous commémorons l’appel du Général De Gaulle, nous devons avoir une pensée pour les personnes disparues et pour toutes celles et tous ceux qui ont été frappés par cette terrible tragédie.
J’aurai l’occasion de revenir très prochainement sur cette catastrophe,
mais l’heure est d’abord au recueillement et à la solidarité …
Bien à vous et @ bientôt sur notre site
Jean-Pierre SERRA
BP 17 - 83520 ROQUEBRUNE SUR ARGENS - www.jpserra.fr
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